Article initialement publié en 2016.
À propos du mot vayeshev, Rashi écrit que cela signifie que Jacob désirait être en paix et s'asseoir. La portion “Vayeshev” commence par toutes sortes de problèmes qui surviennent dans la vie de Jacob, le rendant incapable de s’asseoir la paix. Les kabbalistes expliquent donc que la première leçon du Shabbat de Vayeshev est que nous ne pouvons pas nous asseoir ou d’être en paix. La paix dont nous parlons n'est pas la paix de l'esprit ou un état d'accomplissement, mais plutôt le désir de ne pas être dans la stagnation spirituelle. Et la portion “Vayeshev” nous parle justement du danger d'être spirituellement stagnant.
Je voudrais partager un enseignement du Rav Menachem Mendel de Vitebsk, dont le Rav Brandwein a dit au Rav Berg qu'il avait un lien très fort avec Le Centre de la Kabbale, notamment en apportant une protection à ceux qui y étudient. L'enseignement porte sur les dangers de la stagnation spirituelle, de telle sorte que si une personne stagne spirituellement dans un domaine de sa vie spirituelle, le travail qu'elle fait pendant cette stagnation ne révèle pas beaucoup de Lumière.
Il dit donc, comme nous le dit également le Rav Ashlag, que le but de notre travail spirituel est d'atteindre le concept de devekut, une unification complète avec la Lumière du Créateur. Et tout manque. L’obscurité ou la tristesse que nous ressentons n'est qu'un manque de connexion avec la Lumière du Créateur. En fin de compte, le but de notre travail spirituel n'est pas nécessairement de nous amener à un état constant de devekut, qui consisterait à être constamment enveloppé par la Lumière du Créateur, mais au moins, à certains moments.
Or, lorsqu'une personne étudie ou fait des actions et des connexions spirituelles, il y a des moments où elle s'y investit complètement sans aucune pensée ou conscience extérieure. Or, il est également des moments où elle fait son travail spirituel, que ce soit par la lecture du Zohar, l’étude ou même des actions de partage, et où elle n’est pas investie à 100 %, corps et esprit, dans cette action. Et c’est un gros problème.
Lorsque vous ouvrez le Zohar et que vous le lisez ou le scannez, ou que vous accomplissez une action de partage, y a-t-il une autre pensée dans votre esprit que le désir de vous connecter complètement et de vous investir dans les mots que vous étudiez ou dans l’action que vous êtes en train de faire ? Si la réponse est non, qu’il n’y a rien d’autre dans votre esprit ou votre conscience, alors vous êtes complètement investi, et vous êtes coupé de l’extérieur, sauf du Zohar que vous êtes en train de parcourir ou de cette action de partage que vous accomplissez. Lorsque vous faites cela, dit-il, vous parvenez à l’unification complète avec la Lumière du Créateur. Et, lorsque nous agissons de cette manière, nous sommes capables d’éliminer la douleur et l’obscurité de notre vie.
Pourquoi ressentons-nous de la douleur, qu’elle soit physique ou émotionnelle ? Parce que nous sommes connectés et investis dans le physique. La réalité est que la plupart de nos vies sont cernées par la réalité du monde physique. Même s’il y a des moments où nous nous élevons un peu au-delà du physique et touchons le spirituel, nous ne sommes pas enveloppés par lui. Et lorsque nous touchons le spirituel, nous sommes toujours connectés et attachés au physique. Par conséquent, la douleur peut exister, qu’elle soit physique ou émotionnelle.
Il en va de même pour les actions spirituelles. Il est vrai, par exemple, que même avec un mikvé, une personne peut recevoir un peu de Lumière si elle y est entrée et que son petit doigt était hors de l’eau. Oui, elle a probablement reçu quelque chose, mais le mikvé n’a pas apporté la purification et l’élévation qu’il est censé apporter. Il en va de même pour notre travail spirituel. Et je pense qu’il est vraiment important d’être clair à ce sujet. Avons-nous déjà étudié le Zohar en étant complètement enveloppés par lui ? Avons-nous déjà prié et été complètement enveloppés par la prière ? Avons-nous déjà accompli une action de partage alors que nous étions complètement enveloppés par cette action ? La réalité est que ce n’est pas le cas. Nous le faisons peut-être partiellement et touchons donc la Lumière, mais sans être totalement enveloppés par elle.
Et le but du travail spirituel, peut-être pas à 100 % du temps, mais au moins parfois, est de s’assurer que l’action, l’étude ou la connexion nous enveloppe complètement, plutôt que de simplement nous toucher. Ainsi, lorsqu’un individu fait son travail spirituel et investit complètement son esprit, sa conscience et son corps, il est complètement enveloppé par la Lumière du Créateur. Il se sépare complètement de la physicalité, de la source de douleur et d’obscurité qu’il a pu éprouver auparavant.
L’idée est donc qu’il existe deux états d’enveloppement : soit nous sommes enveloppés par le physique et ressentons donc toujours la douleur et l’obscurité physiques, soit nous sommes enveloppés par la Lumière du Créateur. Les actions spirituelles, le travail spirituel, l’étude spirituelle ne nous enveloppent pas de la Lumière du Créateur. Tout cela nous permet de toucher sa Lumière, mais comme nous ne faisons que la toucher et que nous ne la laissons pas nous envelopper, nous sommes incapables de nous séparer de la douleur et de l’obscurité du physique. Or, si nous sommes capables d’accomplir des actions dans lesquelles nous sommes complètement investis, à 100 %, alors nous supprimons notre connexion au physique et nous sommes enveloppés complètement de la Lumière du Créateur. Et dans ce cas, la douleur, l’obscurité et la tristesse disparaissent.
Le but du travail spirituel est de nous sortir de l’état de douleur, d’obscurité et de tristesse qui est une connexion au physique. Oui, nous touchons le spirituel par les actions qui ne sont pas enveloppées, mais lorsque nous nous efforçons d’être complètement enveloppés par l’action, l’étude et les mots, nous sommes enveloppés dans une nouvelle réalité et capables de laisser derrière nous la douleur et l’obscurité de l’attachement au physique.
Alors, pour revenir au début, la réalité est que la plupart d’entre nous sont dans un état spirituel relativement stagnant. Même ceux d’entre nous qui font des actions de partage, prient et étudient doivent se demander quand était la dernière fois qu’ils ont fait l’une de ces actions en étant complètement investi, esprit, corps et conscience.
Le but du travail spirituel est de nous envelopper de la Lumière du Créateur. Mais encore une fois, passer de là où nous sommes à là où nous sommes censés être n'est pas facile. Cela prend du temps. Le but, c’est de nous amener à un état d'enveloppement complet par la Lumière.
Par conséquent, nous devons nous demander si nous sommes vayeshev, d'accord avec l'état de stagnation dans lequel se trouve notre travail spirituel. Avançons pas à pas. Aujourd'hui, nous avons eu une minute d'investissement total ? Parfait. Alors demain, nous en aurons cinq. Et le mois prochain, ce sera vingt. Nous ne pouvons pas être vayeshev, stagnants et satisfaits de notre travail spirituel simplement parce que nous faisons le travail. Notre jauge ne doit pas être la quantité de travail que nous faisons, mais combien nous sommes enveloppés par ce que nous faisons.